à mon petit frère

ode à la curiosité

Merci à toi de garder tes yeux et tes oreilles ouverts sur le monde comme un abdomen exultant se prépare à accueillir la vie. Dans le jardin, tu passes tes doigts sur la pulpe grasse des cactus et sur sa profusion d’épines. Pourquoi?Tu constates la texture du sol, la nervure des feuilles, une grappe de raisins dissimulée qui affiche ses grains ronds et brillants. Et pourquoi tous les fruits ne mûrissent-ils pas en même temps?

De retour dans ta chambre, plongé, aspiré même dans l’épaisseur de ton livre, tu découvres. Qu’on répète ton nom et qu’on t’appelle, où que l’heure file sur ton réveil, tu ne broncheras pas. Happé par les pages, tu t’émerveilles devant le champ des possibles que l’on peut coucher sur le papier. Jamais lassé, tu relis tes volumes préférés en boucle, parce qu’ils te fascinent toujours autant. Calypso, étant nymphe, est elle donc seulement demi-déesse?

Attablé à ton bureau, dissipé, rêveur, faisant tourner ton stylo plume comme une toupie, tu t’interroges. Et si j’avais été soldat dans la Grande Guerre, qu’aurais-je fait, moi, comme exploits? Attiré comme un aimant par le monde qui t’entoure, tu es aussi constamment ailleurs, non pas dans la lune, mais plutôt parmi les planètes. Tu les a accrochées à ton plafond, dans l’ordre, et en respectant les échelles de grandeur, sinon ca ne sert à rien. Sauf pour le Soleil, il est en seulement en deux dimensions sinon la sphère serait trop grande et tomberait surement en te réveillant en sursaut.

Le soir, blotti sous ta couette, tu me demandes si l’hydrogène pourrait avoir plusieurs protons, tu me le demandes à travers la porte qui sépare nos deux chambres. Tu connais le nom des éléments chimiques superlourds découverts récemment, là c’est l’Oganesson, mais sa durée de vie n’est même pas de quelques secondes. Tu regardes le monde avec entrain, avec curiosité, tu as la tête remplie de questions et tu es toujours prêt à tendre l’oreille pour écouter une histoire.

Ne change pas.